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RAPPORT MORAL 2021

Tout faire pour garder le contact
et le moral !

Difficile de présenter un rapport moral quand le moral n’est pas au beau fixe de par le monde. Que ce soit la France ou le Burkina-Faso, Châteauroux ou Bittou, les difficultés se sont accumulées. Cependant, partout, la résilience et l’aspiration des populations à vivre mieux est à l’œuvre. Bel exemple de solidarité entre nos deux collectivités que ce que nos comités de jumelage ont réussi à réaliser en 2020, en dépit des difficultés multiples et variées rencontrées ici et là.

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Quelle ironie de ne pas pouvoir se rencontrer entre les membres d’une association dont l’objet est justement la rencontre des différences, la solidarité entre les citoyens et les échanges entre cultures. Nous devons faire avec cette particularité.

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2020, année charnière du plan triennal de coopération 2019-2021 a pu se réaliser de façon positive pour les acteurs de Bittou, même si le bilan de l’ambitieuse action portant sur l’hygiène publique et la collecte des déchets dans notre ville jumelle reste très en dessous de ce qui était prévu.

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Nous n’avons pas eu de contacts directs depuis 2019 : en janvier avec le séjour d’un groupe médical à Bittou et, en juin, la venue des autorités de Bittou pour le 30ème anniversaire de l’officialisation du jumelage.

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Deux éléments majeurs sont venus mettre un arrêt aux déplacements :

  • -  La pandémie bien sûr ;

  • -  Le terrorisme dans la zone dite des 3 frontières (Mali, Niger, Burkina) qui a conduit le

       ministère français de l’Europe et des affaires étrangères à classer la plus grande partie du Burkina en zone rouge, c’est-    à-dire totalement déconseillée à la circulation pour les ressortissants français. Bittou est bien sûr dans cette situation.

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Téléphone traditionnel, WhatsApp, courriels, visioconférence, etc ont toutefois permis de rester en contact et de coopérer dans le cadre du programme 2020 de façon plutôt satisfaisante ; mais quelle énergie à déployer de part et d’autre pour avancer.

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Pour nos partenaires, de nombreux évènements sont venus compliquer la vie des personnes et des institutions impliquées dans la conduite des affaires publiques et dans le développement local.

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Bien sûr la pandémie a mis le pays au point mort durant plusieurs semaines, même si l’impact, du strict point de vue sanitaire, a été bien moindre à Bittou qu’à Châteauroux. Les protocoles conçus par les autorités sanitaires après les différentes épidémies ayant frappé l’Afrique ont été mises en œuvre très rapidement, avec un mobilisation très forte des autorités municipales, sanitaires et de sécurité publiques : sensibilisation au respect des gestes barrières, port du masque, isolement des premiers cas identifiés,... ont permis de limiter très largement – et jusqu’à maintenant - la propagation du virus, dont il est dit qu’il se développe moins dans les climats chauds et secs - et là le Burkina est favorisé sur la France en ce moment.

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Une autre source de difficulté à Bittou a été l’arrivée de plusieurs milliers de déplacés internes venant du Nord et de l’Est du pays. La municipalité, chaque mois à partir de juin, a dû voter des budgets supplémentaires pour héberger, nourrir, soigner ces familles, sans aide d’ONG. L’Etat burkinabé a fait parvenir quelques tonnes de vivres en fin d’année, mais loin de ce qui est indispensable pour la survie de ces déplacés. Nos partenaires n’ont pas souhaité, pour le moment, que Châteauroux apporte un éventuel soutien, considérant que la contribution du Nord devait rester centrée sur l’aide au développement.

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Troisième facteur de tension, des inondations très fortes dans la zone la plus fertile de la commune, dans le secteur de Zékézé, en bordure du fleuve Nakambé qui a largement débordé suite à l’ouverture du barrage de Bagré, un des plus important du pays pour la production électrique et avec les périmètres maraichers qui l’entourent. En 2007, ce même phénomène s’était produit avec des dégâts encore plus importants. Cette fois, ce sont surtout les producteurs de semences, ceux que nous avons aidés sur le programme 2016-2018, qui ont été touchés.

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L’administration municipale a aussi été touchée dans son organigramme. Le secrétaire général, Alphonse Fankani a été muté par l’administration centrale après 9 ans passés à Bittou. Il a été remplacé au premier mai par Alain Bassono, qui se plait à m’appeler « mon cher homo » (vous aurez compris qu’il s’agit de nos prénoms bien sûr). C’est un homme dont j’ai pu identifier des qualités de rigueur et d’autorité. Enfin quelqu’un qui ne m’a pas dit « pas de problèmes » à propos du dossier de gestion des déchets mais plutôt « c’est plus compliqué que cela chez nous, il faut tenir compte de nos procédures administratives qui peuvent être longues et il faut être patient».

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Un autre changement est intervenu. L’agent technique municipal en charge de l’eau et de l’assainissement, donc de l’animation du projet déchets, a démissionné en août, sans effectuer son préavis. C’est là que la procédure administrative s’est en effet révélée longue et complexe pour nos partenaires, mais un nouvel agent a pris ses fonctions le 1er décembre.

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Nos partenaires ont conduit les actions prévues au programme 2020 et nous avons reçu les bilans et justificatifs de dépenses dès le 16 janvier 2021. Le projet déchets n’a pas terminé pour sa partie 2020 au 31 décembre, nous sommes convenus que ce programme se poursuivrait jusqu’à fin février 2021, mais la période de 2 mois supplémentaires n’a pas permis de rattraper ce qui n’avait pas été fait. Il apparait ici clairement que nos partenaires ont besoin d’un accompagnement technique important sur ce dossier bien complexe et nous travaillons sur cette orientation.

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Le Burkina Faso, malgré le contexte sécuritaire, la crise sanitaire et les soubresauts climatiques (il y a eu de nombreux autres sites touchés par les inondations en septembre), a réussi à tenir des élections présidentielle et législatives le 22 novembre. Les observateurs internationaux, tout en signalant quelques insuffisances d’organisation et regrettant le fait que les citoyens résidant dans le Nord n’aient pas pu voter, ont considéré cette consultation comme valide.

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Une autre consultation électorale est prévue en 2021. Ce seront les élections municipales ; encore qu’il se dit qu’elles seraient reportées en raison de l’insécurité. Le gouvernement souhaite que toutes les communes puissent voter en même temps. Et pour cela, il faut que la sécurité soit garantie dans le Nord et l’Est du pays.

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2021 sera la dernière année du plan triennal. Il nous revient donc, avec nos partenaires, de le mener à bien et de préparer un nouveau programme couvrant 2022-2024.

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Et avec cette perspective, vous ne voudriez pas que l’on garde le moral ?

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Châteauroux, le 1er mars 2021

 

Le président,

Alain Dubost

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